Tuesday, December 25, 2012



Sur la base de méthodes normalisées dans la plupart des pays du monde, la mesure de l'économie est assurée en France par l'Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques (Insee). Comme le nom de l'Institut l'indique, la mesure de la richesse nationale connue sous le nom de Produit Intérieur Brut (PIB), somme de toutes les activités de production du pays, est faite par une approche statistique.

Pour déterminer le PIB, l'Institut procède à partir d'enquêtes statistiques périodiques et d'un certain nombre de déclarations fiscales et administratives, pour la plupart annuelles, rendues obligatoires pour les entreprises et les administrations. A partir des premières enquêtes, des informations relatives à la croissance du PIB sont publiées chaque trimestre, mais la mesure véritable concerne l'année civile entière.

Il y a quelques années, elle faisait l'objet de quatre approches successives et donnait lieu à autant de publications étalées sur 4 ans. En tenant compte des délais d'élaboration effectifs des comptes de la Nation, le PIB ne devenait donc définitif qu'au terme de trois années entières de travaux ardus, ce qui peut paraître excessif, mais qui s'explique par la prédominance des méthodes statistiques sur les méthodes comptables, ainsi qu'on le verra plus loin. Depuis la publication des comptes de l'année 1997, ces travaux ont été réduits à deux phases au lieu de quatre.

La mesure est faite en valeur et en volume. La mesure en valeur (de transaction) permet de situer l'activité nationale dans son environnement monétaire courant, tandis que la mesure en volume permet de dégager la croissance réelle (positive ou négative) qu'elle a connue, cette mesure en volume étant donnée en monnaie constante. D'une période à l'autre, on peut obtenir à l'aide de ces deux termes ce que l'on a coutume d'appeler l'inflation, qui n'est autre que l'érosion monétaire par les prix.

Comme il n'est déjà pas facile en usant de procédures statistiques de connaître la somme des échanges à leur valeur de transaction, c'est-à-dire en monnaie courante, les vraies difficultés surgissent lorsqu'il s'agit de fixer les volumes. Si les productions agricole et industrielle sont dans l'ensemble assez bien cernées, tant en valeur qu'en volume, il n'en va pas de même de la production du commerce de détail et des services pour des raisons évidentes de nombre.

Comme il existe des millions d'articles et de services différents, il est quasiment impossible de procéder dans le détail à une mesure directe du PIB en volume. On recherche alors le taux d'inflation par échantillons-types ainsi qu'il a été dit de façon à obtenir à défaut de volume par catégorie de produits, la somme des échanges à prix constants. L'arrivée de nouveaux produits sur le marché et les changements de qualité affectant les biens et services existants sont de véritables casse-tête pour les statisticiens.

Etant donné la place que tiennent les marchés, l'offre et la demande dans la théorie économique, il semble très important d'appréhender les valeurs des transactions au prix du marché sans perdre de vue les lois de l'offre et de la demande. Mais comme on est en présence d'un ensemble de produits pour le moins très disparates, on utilise trois axes d'approche qui doivent aboutir en principe au même résultat : l'offre ou la production des entreprises, la demande (consommation, investissement et commerce extérieur) et les revenus (des ménages et des entreprises). Mais comme les travaux sont conduits à partir de données puisées à des sources différentes et nécessairement incomplètes, il y a toujours des écarts qui font l'objet d'arbitrages suivis d'ajustements.

Notons au passage, qu'en procédant ainsi on fait l'impasse sur les écarts de sens inverse, bien connus des comptables, qui existent fatalement et qui évidemment se compensent. Un exemple particulièrement significatif de ce type d'erreur est analysé plus bas dans ce chapitre.

Les arbitrages essentiels, issus de la synthèse, interviennent dans la dernière phase du traitement, c'est-à-dire lorsque le PIB devient définitif. Il convient de préciser qu'il ne subit pas de variations importantes entre la première et la dernière phase, raison pour laquelle vraisemblablement on a réduit le nombre de phases de quatre à deux.

Parallèlement à ces travaux d'élaboration du PIB, les comptables nationaux sont chargés de déterminer les flux financiers obtenus à l'aide des comptes financiers des agents économiques, et de préparer ainsi le cadre dans lequel il est prévu de "caser" les données statistiques relatives au PIB.

Comme il en est de l'activité nationale, les comptes financiers font eux aussi l'objet d'autant d'approches successives. Par contre, ils subissent d'une phase d'ajustement à l'autre des variations souvent très sensibles, les signes positifs pouvant devenir négatifs et inversement, ce qui est pour le moins surprenant. Ils reçoivent en définitive lors de chaque période d'ajustement les écarts appelés opportunément "décalages comptables" existant entre l'activité de production (PIB) et l'activité financière.

Voici donc comment sont élaborés les comptes de la Nation.

Comme on l'a déjà dit, les méthodes retenues (ainsi que les erreurs qui en découlent !) sont normalisées dans la plupart des pays. Cependant, la construction européenne a mis en évidence des distorsions dans les modalités de calcul du taux d'inflation entre les différents membres de la communauté, ce qui a donné lieu en son temps à des travaux d'harmonisation. De plus, les problèmes de concordance entre les comptes non financiers (activité de production) et les comptes financiers sont à l'ordre du jour des instances nationales dans le cadre de l'harmonisation des outils de mesure de la CEE, ce qui prouve bien qu'il y a là un sérieux problème. Il ne faut donc pas s'étonner que l'on relève les erreurs les plus grossières dans un tel ensemble de comptes et de données statistiques dont l'incompatibilité de la concordance saute aux yeux.

Ainsi, en donnant à l'Etat une place indépendante et en faisant apparaître dans ses comptes une consommation finale, réservée par essence aux ménages, les instituts de statistiques commettent une erreur de belle taille.

On peut prendre pour exemple les impôts liés à la production (TVA, droits de douane, et autres). Ceux-ci sont décomptés deux fois dans le PIB : une première fois dans la production marchande aux prix du marché (TTC), et une seconde fois dans la production non marchande consommée (consommation finale de l'Etat). Il faut savoir que la production non marchande consommée est égale aux coûts de production supportés par les branches non marchandes, soit en fait la presque totalité des charges de l'Etat. Mais, comme les charges de l'Etat sont financées par l'impôt, les impôts liés à la production sont donc bien décomptés deux fois.

En d’autres termes, on peut dire que toute hausse du taux de la TVA se traduit par  une  augmentation purement artificielle des productions marchande et non marchande, c’est-à-dire du PIB. Tandis qu'inversement, toute baisse de ce taux a pour effet une diminution tout aussi artificielle du PIB. Dans le premier cas l'erreur est aggravée, alors que dans le second elle est réduite.

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